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3 questions à... Delphine Harmel, chargée de médiation pour les publics en situation de handicap
Mes missions sont très variées dans le cadre de mes fonctions au CMN. Tout d’abord, je participe avec mes collègues cheffes de projet médiation à l’élaboration des parcours de visite dans les monuments, afin de définir les dispositifs de médiation accessible, les concevoir, en coordonner la production et suivre leur réalisation. A titre d’exemple, je suis particulièrement mobilisée actuellement autour du projet de Villers-Cotterêts, mais aussi sur la réouverture à venir du site d’Ensérune et de celle de l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue.
Il arrive aussi souvent que les chargés d’action éducative dans les monuments me demandent conseil pour la mise en place d’une offre adaptée à des besoins très spécifiques ou pour le développement d’activités plus inclusives, c’est-à-dire accessibles à un très large public. Dans ce domaine, il me faut maintenir une veille constante afin de pouvoir orienter au mieux mes différents interlocuteurs.
En interne, je suis aussi appelée à contribuer aux travaux de la mission du numérique : pour répondre à nos obligations légales comme pour mieux servir nos publics, notre site internet ainsi que les applications développées en guise d’outils d’aide à la visite se doivent en effet d’être parfaitement accessibles, même si c’est parfois compliqué !
D’autre part, je représente le CMN au sein du réseau des établissements culturels pour l’accessibilité (RECA) coordonné par le ministère de la Culture. Ce réseau, qui facilite les échanges entre les établissements publics placés sous la tutelle du ministère, permet d’œuvrer de manière concertée en direction des publics et favorise l’accessibilité des personnes en situation de handicap dans les lieux à vocation culturelle. Alimenter la réflexion de groupes de travail thématiques, organiser des événements, participer à la rédaction de guides de bonnes pratiques sont autant d’exemples d’actions pour lesquelles mes homologues et moi sommes régulièrement sollicités.
Enfin, je travaille sur les partenariats du CMN avec des associations en lien avec le handicap, qu’il s’agisse d’entretenir les relations existantes ou de nouer des liens, avec des associations de dimension importante (à l’image de l’APF ou de l’UNAPEI) ou bien de taille plus modestes. Par exemple, je pilote actuellement le partenariat avec l’association Solidel, qui œuvre pour un plus large accès à la culture des personnes travaillant dans des ESAT agricoles (en milieu rural), grâce au concours « J’aime ma Terre » et je suis d’ailleurs membre du jury.
Dernièrement, je suis allée au château de Cadillac, où une maquette conçue pour des visiteurs déficients visuels venait d’être installée : cette maquette représente le château tel qu’il était au XVIIe siècle, à l’époque du duc d’Epernon. Ce jour-là, j’ai remarqué que ces dispositifs tactiles, attiraient de nombreux visiteurs. Parmi eux, un jeune homme, porteur d’un handicap mental, avec son accompagnatrice, a manifesté de manière très spontanée son intérêt. De même, une fillette (probablement tout à fait bien voyante…) s’est illico improvisée guide conférencière, en détaillant pour sa maman les moindres recoins de la maquette : toutes deux ont eu du mal à s’en détacher ! Enfin, les agents sur place semblaient, eux aussi, séduits par ces outils qui pimentent la visite…
C’est le propre d’un bon outil de médiation : il facilite la rencontre entre le monument et tous les publics et captive les visiteurs bien au-delà des seules personnes à qui il était initialement destiné.
Pour CMN Institut, j’anime la formation « Accessibilité du site historique : aménagements pour tous types de handicaps », avec Lucie Dorel, experte ergonome au CMN. Avec cette formation, j’ai envie de transmettre ce dont je suis profondément convaincue : l’accessibilité est un sujet complexe mais vraiment passionnant, et vaut toujours le coup !